jeudi 19 juin 2014

El Canto



Il s'agit d'une femme qui est malheureuse en mariage. Son mari l'oblige à se taire. Mais quand elle entend le vent froisser le feuillage des arbres, quand elle écoute les bruissements de la nature, s'éveille en elle l'espoir d'une autre vie. Alors elle trouve la force d'élever la voix et de résister en chantant à celui qui la domine.


Née en 1976 en Argentine, Inés Sedan étudie d'abord les arts plastiques au baccalauréat des Beaux Arts Francisco A. De Santo (Université National de La Plata) où elle obtient en 1995 un baccalauréat en dessin artistique. Parallèlement, de 1986 à 1996, elle étudie au Conservatoire de musique Gilardo Gilardi en tant que clarinettiste. Son parcours la mène ensuite vers le monde du film. Ainsi, de 1996 et 1998, elle étudie le cinéma à l'Université nationale de La Plata (UNLP) et l'animation à l'Institut d'art cinématographique d'Avellaneda(IDAC), Buenos Aires. En 1998, elle obtient son diplôme en réalisation de cinéma d'animation. La même année, elle reçoit le prix du meilleur film d'animation pour son court métrage "El Espejo Imaginario" (Le miroir imaginaire) au Festival National Tiempos Cortos de Buenos Aires et le premier prix pour la meilleure vidéo d'une minute au concours national de Rio Negro. En 1999, elle s'établit en France où elle travaille en tant qu'animatrice et illustratrice. En 2009, elle réalise son premier court métrage comme professionnel "L'homme qui dort" coproduit par Sacrebleu productions (France), Unité centrale et L'ONF (Canada) avec lequel obtient plus de 26 prix au niveau international,notamment le Prix spécial SBS, 8ème prix Unifrance du Court métrage Cannes 2010." El Canto" est son troisième film produit par Les films de l'Arlequin et ARTE.

Gaïa 

mercredi 18 juin 2014

Elle me regarde



Elle me regarde sans me juger
De ses yeux clairs et infinis
Un espace s’ouvre ainsi
A mon cœur depuis longtemps figé

Elle me regarde et m’accueille
Dans son cœur ouvert
M’invite à faire taire
Mes excuses, mes écueils

Elle me regarde et je plonge
Au cœur de mes émotions
Toujours plus loin, plus profond
De mes plus vrais songes

Elle me regarde et je laisse émerger
Les douleurs, les peurs
Les doutes et les pleurs
Evidences à moi révélées

Elle me regarde, mon amie
Rassurante et confidente
Protégée et confiante
Je me livre sans merci

Il n’y a pas de mots pour raconter ce que je ressens lorsqu’elle m’écoute

Il n’y a que des sensations 
Empreintes émotionnelles
Dont les parfums diffusent encore
Leurs harmonies célestes
Ouvrant des portes
Que je croyais pourtant fermées

Je ne sais comment te remercier
Mes yeux se mouillent encore
En repensant à nos échanges
A ton regard si expressif

Mes yeux aimerait te dire qu'ils t'aiment

Toi, mon Âmie, ma doula, ma chérie ! 


Aleshanee

jeudi 5 juin 2014

La 3ème voie


Je ne venais que pour quelques minutes. Pour lui apporter des cartons.
Elle est belle, son ventre s’est arrondi, elle est toute jolie ! Je la sens nerveuse, un peu pressée, un peu essoufflée. Je me dis qu’elle est sans doute fatiguée de la grossesse, avec la gestion de son aînée, encore si petite.

Elle semble affairée, préoccupée. Nous papotons un peu, de choses, et d’autres, comme si nous attendions toutes deux d’aborder un sujet bien précis, comme si nous savions qu’une fenêtre allait bientôt s’ouvrir pour nous permettre, à chacune, de trouver la raison de notre présence en cet instant. Il faut quelques minutes pour que nos rôles se mettent en place, que nous puissions jouer notre partition.


Je pose enfin la question qui sert de clé à l’expression de ses émotions :
Et ton mari, il t’aide ?
Elle éclate en sanglots. Sa fille, qui a tout juste un peu plus de 18 mois, nous rejoint près du canapé et pose sa petite main ronde sur le genou de sa maman, en signe de compassion et d’écoute attentive.
A ses côtés, j’écoute ses larmes et ses respirations entrecoupées de spasmes, manifestations, j’imagine, de sa tentative désespérée de refermer la vanne qui s’ouvre en grand d’un seul coup. A cet instant, je comprends que je suis là pour cette raison : pour que les vannes puissent s’ouvrir, pour que son cœur s’ouvre à la souffrance qu’elle ressent, celle qui lui pèse, celle qui modifie sa perception du bonheur, de la réalité, celle qui lui fait répéter inlassablement : je n’en peux plus… je n’en peux plus…

Comme elle semble fragile, soudainement. Ses peurs, ses doutes, se dévoilent à moi. Nous ouvrons ensemble ce livre de son histoire qui a besoin d’être lu, qui a besoin d’être dit et reconnu.
Et son histoire, bon sang, vient de plein fouet frapper la mienne et me rappelle ma propre douleur.
Je vois s’ouvrir devant moi le chemin que je viens de parcourir ces derniers mois. L’incommunicabilité entre moi et l’homme qui partage ma vie, le père de mes enfants. L’absence d’écoute de mes besoins, de considération de mes soucis.
Dans sa tête à elle, cela semble si confus. Elle ne reconnaît que cette inconfortable alarme qui hurle en elle. Prête à reconnaître et à écouter tous les besoins de son conjoint, elle suffoque de ne pas donner place aux siens. Elle étouffe de n’être considérée « que » comme une mère au foyer, qui a bien le temps de se reposer, de prendre soin d’elle, d’être disponible pour le rangement et l’entretien de la maison. Après tout, elle, elle a le temps n’est-ce pas.


Je reste silencieuse, la laisse m’exposer ses sentiments. Quand elle semble prête à passer à autre chose, à écouter, je lui parle de moi, de mon expérience de femme.


Tu n’es pas seule tu sais. Nous sommes des générations de femmes à croire, dans notre inconscient le plus profond, à la supériorité du sexe opposé et à nous conformer à leur avis. De ta gorge jusqu’à mes oreilles, je les entends, toutes ces femmes, larmes au poing, cœur bâillonné, qui hurle en silence leur désir de liberté ! Je les entends et les vois, elles sont de tous les âges, de tous les temps… Aujourd’hui, c’est toi. C’est moi.

… je veux allaiter, mais mon mari ne veut pas.
… mon mari ne m’aide pas vraiment le soir, il est déjà si fatigué !
… il se fâche contre moi, mais c’est bien normal, je suis si bête…
… je demande à mon homme s’il est ok pour que je sorte ce soir.

Je l’ai entendu, l’entends encore.
Et même dans ma propre bouche.
Ma bouche qui craint de parler, qui a peur de demander. Je suis là, pétrifiée de l’intérieur, en pensant : de toute façon, j’aurais tord et il aura raison !

J’aurai tord. Il aura raison.


Parce que la société nous a appris, inculqué, insidieusement, inconsciemment, la supériorité masculine sur le sexe féminin, il est normal d’observer qu’il reste deux choix possibles aux Femmes : se soumettre ou se rebeller.

Il reste une 3ème voie, mais elle est encore peu connue dans notre culture occidentale. Je la souffle à mon amie.

Tu reconnais les besoins de ton mari, et lui, reconnaît-il les tiens ? Il y a un chemin vers le compromis, vers l’équilibre entre deux êtres. Le compromis, ce ne sont pas les concessions. Les concessions infligent une perte : je cède une part de mes besoins, de mes attentes, de mes demandes. Je dois encore souffrir, en attendant de trouver l’accord qui nous conviendra. Parfois, les deux concèdent, ouvrant la voie terrible de la rancœur, de l’amertume contre l’autre et les sentiments négatifs qu’il ou elle a fait émerger en nous.

Le compromis est différent. Le compromis est une composition originale et créative qui tient des besoins de l’un ET des besoins de l’autre ; chorale harmonieuse et unique, dans laquelle chacun se sentira reconnu, aimé, pris en compte.


Aujourd’hui, je veux t’enseigner l’idée du compromis. Aujourd’hui, je veux que tu entendes que tes besoins et ceux de ton conjoint ont besoin d’être reconnus TOUS LES DEUX, A PARTS EGALES.

Et quel magnifique chemin s’ouvrira à nous… A nous, les couples nouveaux.

Viens ma Sœur Céleste, empruntons cette route, toi et moi, toutes les deux. De nos mains, naîtrons la solidarité et la force nécessaire pour y arriver, surmonter les obstacles, de nos échecs nous relever. 


Aleshanee

dimanche 1 juin 2014

Le Mystère Féminin

Enfant, 

Ecoute bien cette histoire. Elle lève le voile sur le mystère que cachent les Femmes. Parfois les Femmes elles-mêmes ignorent parfaitement ce mystère. C'est la raison pour laquelle je souhaite te révéler ce secret, Enfant, afin que tu sois initié aux beautés invisibles et que tu les transmettes à ton tour, un jour. 

Écoute ce conte, Enfant, même si tu ne comprends pas, laisse ton coeur être bercé mon récit, laisse ton esprit rêver au creux de ces mots.

***

Dans le corps de la Femme dort une fleur. Une fleur éternelle, qui s'épanouit pour la première fois quand la Petite Fille regarde la porte du monde des Grands. C'est alors une fleur fraîche, pure, baignée de rosée. Ses pétales sont lisses et ronds, délicatement dessinés.
La fleur cesse d'être lorsque la Femme pousse la porte de la Maturité, âge où elle devient Terre elle-même, pour permettre à d'autres fleurs de bourgeonner à leur tour, les nourrissant de sa sagesse.


Enfant, imagine cette fleur aux pétales d'une grande beauté. Chaque fleur est unique, mais toutes, sans exception, sont parées de rouge. Elle s'éveille et s'élance en même temps que Grand-Mère Lune croît dans le ciel nocturne. Elle représente le printemps, la naissance. La Femme porte en elle ce petit bourgeon rouge, vif et éclatant, à qui la Vie est offerte. Elle est à la fois fragile et pleine d'élan.
Tu verras cette fleur, Enfant, dans les sourires de deux femmes se chuchotant à l'oreille, quand elles se tiennent par la main ou dansent sous le Soleil. Rien ne semble les arrêter alors, elles chantent la vie qui les réveille.


Ensuite, la fleur arrive à son été, heure de sa plus belle étoffe. Pleine, comme Dame Lune dans le ciel, son coeur rouge est à prendre, elle est amoureuse et séduisante, elle regorge de soleil, et sème autour d'elle son fruit passionnel. Ses pétales chatoient, légers et sensuels.
Lorsque la Femme se sentira belle, que tu la verras déborder d'amour et d'étincelles, que son regard s'étendra sur le monde entier, assurée, Déesse de son antre, c'est que tu observeras la fleur de l'été en elle,Enfant. 



La Lune alors décroît peu à peu, arrive le temps de l'automne, le temps de la sagesse mais aussi de la peur. La fleur doucement se fane et ses parfums délicats se muent en des muscs sauvages. Les pétales flétrissent, jour après jour, la fleur rapetisse, cherchant la Terre et sa protection.
En cette période, les Femmes sont autant fortes que sensibles. Comme à l'automne, elles alternent pluie et doux soleil. Elles sentent la fleur déclinante en elles, elles ont besoin de la pleurer, de la regarder s'en aller. Leur sagesse est aussi profonde que les peurs et la tristesse qu'elles invoquent pour honorer ce temps.
Quand tu verras ces femmes dédoublées, à la fois en joie et peinées, sereines et sages dans le frémissement de leurs cœurs apeurés, Enfant, tu verras alors les femmes de l'automne, les femmes prêtes à recevoir le plus beau des cadeaux qui soit.



Quand vient l'hiver, les pétales de la fleur tombent peu à peu, puis tout à fait. Ils se fondent dans la Terre, fusionnent avec les essences féminines pour se transformer en un liquide rouge qui commémore les pétales flamboyants de la fleur morte. Un flux sanguin s'écoule alors du sexe de la Femme, nourrissant les Terres, les Eaux, et tous les Êtres Vivants.
L'humeur de la Femme est telle la Lune Nouvelle, elle veut se faire invisible, elle se repose et prépare ses énergies nouvelles ; le sang s'écoulant la purifie, la grandit. Elle devient son propre centre, emmitouflée de sagesse,. Son corps, qui reste suspendu dans le temps, se vide tout en se remplissant de l'énergie nouvelle d'une fleur neuve et encore plus belle que celle qui vient de s'éteindre. La Femme est suspendue entre Mort et Naissance. Elle est, au même moment, Vie et Néant.
Enfant, quand tu verras les Femmes sereines, sages, contempler les yeux fermés les palais de leur intimités, saches vénérer les Femmes de l'hiver en respectant leur besoin d'intériorité, qui laisse s'écouler le passé pour s'ouvrir au présent renouvelé.

***

Fils… 
Je te révèle ce mystère afin que tu comprennes cet Être qui est ton opposée jumelle. Observe-la, respecte-la, écoute ses sages instincts et honore sa nature cyclique, liée à toute Nature, liée aux saisons et aux chemins de la Lune.


Fille… 
Je te souffle ce secret afin que tu t'empares de la vertu de ta Féminité. Épanouis-toi dans la fleur de ton âge, sache profiter des bienfaits de ta Nature. Et partage cela avec toutes les Femmes que tu croiseras, en leur murmurant au creux de l'oreille :

"Dans le corps d'une femme dort une fleur…"


Aleshanee