mardi 22 avril 2014

Premières règles


On ne m’avait rien dit. On ne m’en avait pas parlé.
J’étais encore bien trop petite pour comprendre, encore un tout petit oisillon apeuré.
Je n’avais pas de douleurs. Pas de signes annonciateurs.
Je crois qu’il faisait beau. C’était peut-être même le printemps. Présage amusant…

Me voilà face à toi, petite tâche brune au fond de ma culotte !
Qui es-tu ? D’où viens-tu ? Je te suspecte déjà…
Je ne réagis pas… Que m’arrive-t-il là ?
Je suis comme une idiote, hébétée, embêtée, ennuyée,
Face au fond de ma culotte…

Tu es brune, petite, sèche.
Trop liquide pour être un oubli de toilettes !
Trop au milieu pour être le reste d’un mauvais essuyage de fesses !
Tu sembles bien venir de ce trou que je ne connais pas encore si bien.
Au milieu de ma culotte…

Tu me fais face. Je te regarde. J’ai un peu peur.
Que va-t-il m’arriver à présent ?
Vais-je grandir soudainement ?
De nombreuses images passent dans ma tête…
Serviettes hygiéniques… Tampons…
Seins opulents… Souffrances menstruelles…

Je ne sais pas pourquoi je te crains tant.
Je file jeter ma culotte au linge sale,
Sans un mot, sans une vague.
Pourvu que tu passes inaperçue et que je reste dans mon enfance innocente.
Que je n’ai pas à te souffrir…
Que tu ne m’obliges pas à grandir…

Quelques heures plus tard, maman arrive, te brandissant sous mon nez :
« Non mais, ma fille, à ton âge, tu t’oublies encore ! »
Je suis gênée, face à la terrible vérité.
Je suis bien obligée d’avouer.

Rougissant, me saisissant de courage, je souffle à ma maman :
« Non, je crois que ce sont mes règles… »
Son visage se métamorphosant, ma peur de toi se dégonfle en même temps.
Finalement quelque chose de précieux semble émaner de toi…

Ma maman semble si fière que je me sens initiée,
Comme habitée d’un secret, que ma maman elle aussi porte,
 Et soudain tu fais de moi sa sœur d’un instant,
Toi, la petite tâche brune dans ma culotte.




Aleshanee

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